Les 8 et 9 octobre 2025, le Palais des Congrès de Paris a accueilli la 18e édition de Produrable, le plus grand salon français de l'économie durable. Près de 15 000 visiteurs, 750 intervenants et 340 partenaires se sont réunis pour aborder un enjeu commun : comment rendre la RSE plus efficace, plus mesurable et plus intégrée dans les stratégies d'entreprise.
Ditto y participait avec un stand et deux ateliers pratiques consacrés à l'usage de l'IA et aux outils du quotidien des équipes RSE. Devant plus de 300 participants, nous avons partagé retours d'expérience terrain et démonstrations concrètes pour transformer le discours en action.
Une RSE plus opérationnelle et collaborative
Cette édition a confirmé une évolution majeure : la RSE sort du champ des "experts" pour devenir une responsabilité collective. Les discussions ont traversé les trois villages thématiques du salon — Environnement, Social & RH et Gouvernance & Reporting — et fait émerger un constat clair : la crédibilité passe désormais par la preuve, la coopération et la rigueur.
Les conférences ont abordé des sujets variés :
- Décarbonation et biodiversité, avec les retours de The Shift Project sur les trajectoires bas carbone
- Dialogue social et inclusion, dans les ateliers du Village RH
- Finance durable et gouvernance, avec des retours d'expérience de la Caisse d'Épargne Île-de-France et d'investisseurs à impact
- Transition énergétique, débattue par François Gemenne et Emmanuelle Wargon
- Ancrage territorial et régénération des écosystèmes, portés par l'association ORÉE
Atelier 1 : IA et RSE – Comment réduire l'écart entre le dire et le faire
L'intelligence artificielle promet des gains d'efficacité spectaculaires. Mais dans le domaine exigeant de la RSE, où la crédibilité repose sur la précision et la transparence, peut-on vraiment faire confiance aux résultats générés par des algorithmes ? C'est la question centrale de ce premier atelier, animé par Florence Jean, Directrice RSE d'Europ Assistance et Pierre Poirmeur, CEO Ditto.
Une adoption massive mais des questions légitimes
Plus de la moitié des participants utilisent déjà l'IA dans leur travail quotidien — un chiffre qui ne surprend plus personne quand on voit la vitesse à laquelle ChatGPT, Microsoft Copilot ou Claude se sont démocratisés. Mais cette adoption s'accompagne de questionnements essentiels : comment éviter le greenwashing algorithmique ? L'IA va-t-elle remplacer les métiers RSE ? Et surtout, comment garantir la fiabilité des données dans un domaine où la crédibilité est tout ?
Quand une entreprise déploie l'IA pour 12 000 collaborateurs
Le cas d'Europ Assistance illustre parfaitement les opportunités et les pièges de l'IA en RSE. Le groupe a déployé Microsoft 365 Copilot pour ses 12 000 collaborateurs répartis dans 36 entités, avec une vision claire : faire d'Europ Assistance une "start-up de 60 ans" où chaque employé maîtrise ces nouveaux outils.
Les bénéfices sont rapidement apparus : veille accélérée, synthèses automatiques de rapports complexes, aide à la structuration des réponses aux questionnaires EcoVadis et CDP, gain de temps considérable sur la compréhension des trames CSRD. Mais les limites aussi : biais dans les synthèses, erreurs d'exhaustivité (l'IA "oublie" des éléments importants), confusion entre ambitions et réalisations concrètes, et parfois même invention de chiffres plausibles mais totalement absents du document source.
Un exemple parlant : lors de la préparation d'une réponse au questionnaire CDP, l'IA a présenté des guidelines d'achats responsables (encore en phase de déploiement) comme des pratiques déjà opérationnelles. L'embellissement était subtil mais trompeur. Après correction, cette "hallucination" est devenue un levier : elle a permis d'identifier des marges de progrès concrètes et de lancer un plan d'action sur trois mois auprès de certains partenaires.
"L'IA décharge le reporting, mais ne remplace pas la crédibilité, la relation et la priorisation humaine." — Florence Jean
Les 7 enseignements clés pour une IA au service de la RSE
1. L'IA est un accélérateur, pas une source de vérité
Le gain de temps est indéniable sur la synthèse de rapports, la compréhension de trames réglementaires ou la structuration d'informations complexes. Mais les biais et erreurs d'exhaustivité persistent. L'IA peut "oublier" des éléments cruciaux ou en "inventer" d'autres. La posture recommandée ? Considérer l'IA comme un "gain de temps, pas un gain de vérité". Le contrôle humain reste indispensable : relecture systématique, croisement des sources, supervision constante.
2. Décentraliser la RSE plutôt que tout centraliser
L'approche d'Europ Assistance est instructive : plutôt qu'une équipe RSE qui porte tout, le groupe responsabilise les équipes métiers. L'IA devient alors un facilitateur de diffusion — via des plans de formation internes, des "champions IA" dans chaque département, et des licences ouvertes à tous. Cette gouvernance décentralisée et outillée accélère considérablement la maturité ESG de l'organisation.
3. Maîtriser les fondamentaux avant d'automatiser
L'IA n'est pas "le sachant" — c'est un support pour des professionnels compétents. Avant de déployer des outils, il faut d'abord professionnaliser la fonction RSE : maîtriser le fond réglementaire, lire les textes, se former, confronter au terrain. Ensuite seulement viennent les automatisations, avec des garde-fous clairs :
- Vérifier systématiquement les chiffres à la source (RH, Finance, Opérations)
- Mettre en place des contrôles réguliers
- Documenter les prompts et les règles métier pour encadrer les usages
4. Intégrer éthique, transparence et sobriété dès le départ
L'empreinte carbone des systèmes IA (énergie, eau, serveurs) devient un enjeu RSE à part entière. Sans oublier l'effet rebond : plus les outils sont disponibles, plus on les utilise. D'où l'importance d'une sobriété d'usage raisonnée. Comme le souligne Florence Jean : "Je n'active pas l'IA pour tout et n'importe quoi. Un mail simple ? Je l'écris moi-même."
Du côté des coûts économiques, la vigilance est également de mise : surveiller le prix des tokens, optimiser les modèles utilisés, et s'assurer que chaque cas d'usage apporte une vraie valeur ajoutée.
5. Le risque de greenwashing algorithmique est réel
L'IA peut embellir la réalité de manière subtile mais dangereuse. Le "vernis vert" algorithmique existe : des ambitions présentées comme des réalisations, des projections optimistes confondues avec des faits. Mais cette même capacité à projeter une "version idéale" peut aussi servir de boussole, pour identifier les marges de progrès et définir une feuille de route.
La responsabilité des RSE est donc double : poser des garde-fous éthiques stricts (expliciter les sources, tracer les traitements, choisir des outils responsables) tout en exploitant ce miroir prospectif pour progresser.
6. L'humain reste irremplaçable
Contrairement à certaines craintes, l'IA ne menace pas les métiers RSE. L'essentiel du temps d'un responsable RSE se concentre sur l'engagement des parties prenantes, la conduite du changement, l'animation d'une culture — tout ce qui relève de l'humain. L'IA décharge le reporting et la veille, mais ne remplace en rien l'animation, la crédibilité relationnelle, ou la capacité à prioriser les sujets stratégiques.
7. Un cadre opérationnel pour réussir
Questions du public : fiabilité, gain de temps et impact RH
Les participants ont soulevé des interrogations concrètes qui résonnent avec les préoccupations de nombreux professionnels RSE.
Sur la fiabilité et le gain de temps réel : si l'IA fait des erreurs qu'il faut corriger, gagne-t-on vraiment du temps ? La réponse est nuancée. Le contrôle reste indispensable — il faut relire, vérifier les chiffres, retrouver les passages sources. Mais l'IA aide justement à localiser rapidement les références dans des documents volumineux. Un problème récurrent ? Les dates obsolètes (un rapport de 2019 cité au lieu de 2025). La fiabilité tient surtout à deux facteurs : un corpus de sources fiables et bornées (l'IA ne cherche que dans des documents validés), et des règles métier explicites. Bien cadré, le gain de temps est spectaculaire.
Sur l'impact RH : les équipes RSE vont-elles diminuer d'ici 2028 ? Pas nécessairement. Chez Europ Assistance, l'équipe reste petite et le restera probablement, avec des correspondants dans les pays. Une ressource supplémentaire a même été demandée sur l'environnement, car la charge augmente. L'IA ne remplace pas un sachant — elle optimise certains volets, mais l'engagement des parties prenantes demeure fondamentalement humain.
Une vision claire : l'IA comme outil, jamais comme substitut
L'intelligence artificielle n'est pas une mode passagère — c'est un changement de paradigme. Mais la technologie ne peut pas remplacer la maîtrise métier. La promesse de l'IA devient réelle uniquement si elle s'appuie sur une donnée maîtrisée, une éthique explicite, et une culture d'usage raisonné.
Les responsables RSE ont un rôle central à jouer : définir les garde-fous, former les équipes, contrôler la qualité, et s'assurer que l'efficacité ne se fait jamais au détriment de la crédibilité.
Vous souhaitez revivre l'intégralité de cet atelier ?
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Atelier 2 : La boîte à outils IA des Responsables RSE performants
Le lendemain, cap sur la pratique pure. Face à la multiplication des outils d'IA, comment faire le tri ? Comment passer de "je découvre un sujet" à "je présente une stratégie claire au CODIR" en moins d'une heure ? Alexis de Taillac, Expert RSE chez Ditto, a répondu à ces questions avec une démonstration concrète, centrée sur un cas d'usage que beaucoup de RSE rencontrent : préparer une démarche SBTi.
92% des professionnels RSE sont convaincus que l'IA transforme leur métier
Une étude menée par Ditto auprès d'une centaine de responsables RSE révèle un chiffre marquant : 92% des répondants pensent que l'IA va transformer leur métier d'ici trois ans. Et pour beaucoup, c'est déjà en cours. Dans la salle, environ 50% des participants utilisaient déjà un outil d'IA hebdomadairement.
L'objectif de l'atelier : montrer des outils gratuits, accessibles immédiatement, avec une méthode réplicable dès le lendemain.
Le cas pratique : de zéro à une présentation SBTi en 1 heure
Imaginons une responsable RSE qui doit proposer à sa direction de s'engager dans une démarche SBTi (Science Based Targets initiative) — réduction des émissions alignée sur les objectifs climatiques internationaux. Elle connaît l'acronyme, mais pas encore le fond : les enjeux, les étapes, les freins potentiels, les bénéfices stratégiques.
La solution ? Une cascade de quatre outils gratuits, utilisés intelligemment.
1. Perplexity : défricher un nouveau sujet avec des sources fiables
Avant l'IA, la recherche standard passait par Google, Wikipédia (dont la page SBTi est assez courte), puis une plongée laborieuse dans les dizaines de PDF du site officiel. Difficile de s'y retrouver rapidement.
Perplexity change la donne. Plutôt que de chercher puis compiler, on pose directement une question structurée : "Rédige un résumé complet sur l'origine, la mission, le fonctionnement et les enjeux de SBTi, avec des sources fiables et une table des matières."
Le résultat ? Un rapport structuré, bien plus complet que Wikipédia, avec des citations automatiques vers des sources de confiance : Novethic, BPI France, le site officiel SBTi, etc. L'onglet "Sources" permet de vérifier la qualité et l'origine des informations en un clic.
Utilité RSE : défricher un sujet inconnu en quelques minutes et identifier les sources primaires à conserver pour la suite.
2. NotebookLM : approfondir avec un corpus maîtrisé
Une fois les sources identifiées, il faut aller plus loin. NotebookLM (outil gratuit de Google) permet d'importer des URLs, des PDFs ou du texte, puis d'interroger l'IA sur ce corpus précis. C'est la différence majeure avec ChatGPT : ici, l'IA ne "sort" jamais des documents fournis.
On y importe trois sources repérées via Perplexity (le site SBTi, un article BPI France, une page Global Compact), puis on pose des questions ciblées :
- "Quels sont les bénéfices concrets à mettre en place une démarche SBTi dans mon entreprise ?"
- "Donne-moi un plan d'action en cinq étapes pour un déploiement sectoriel."
L'IA répond en citant systématiquement ses sources exactes, ce qui facilite la vérification. Bonus inattendu : NotebookLM peut générer un résumé audio sous forme de podcast entre deux "experts" qui débattent du sujet. Idéal pour réviser dans les transports.
Utilité RSE : comprendre un sujet en profondeur, structurer ses apprentissages, et disposer de références vérifiables.
3. ChatGPT : contextualiser pour son entreprise
Les deux premiers outils permettent de monter en compétence. Maintenant, il faut adapter le contenu au contexte spécifique de l'entreprise. C'est là que ChatGPT (en version pro avec confidentialité activée) entre en jeu.
On lui fournit un document interne — par exemple, un document "Gouvernance RSE chez Ditto" qui décrit :
- Le comité stratégique RSE & Impact
- Le sous-comité Climat & Énergie
- Le programme Trust Ditto 2030
Puis on demande : "Crée cinq slides pour présenter une démarche SBTi au CODIR, adaptées au contexte et au ton de Ditto."
L'IA comprend la structure organisationnelle, le niveau de maturité RSE, et le ton à adopter (pédagogique, pragmatique, sans jargon). Elle propose cinq blocs de contenus correspondant à cinq slides :
- Le contexte SBTi et son intérêt stratégique
- Pourquoi s'engager maintenant
- Les bénéfices concrets pour l'entreprise
- La feuille de route étape par étape
- Gouvernance et leviers d'action internes
En quelques minutes, on obtient un contenu cohérent, crédible, et adapté à l'ADN de l'entreprise.
Utilité RSE : transformer une connaissance générique en argumentaire sur-mesure, aligné avec la gouvernance et la culture de l'organisation.
4. Gamma : transformer le contenu en présentation professionnelle
Le contenu est prêt, reste à le mettre en forme. Gamma est un générateur automatique de slides professionnelles. On importe la charte graphique de l'entreprise (logo, couleurs, polices), on colle le texte produit par ChatGPT, et Gamma fait le reste.
Il découpe automatiquement le contenu en slides, crée les titres, structure les bullet points, et applique une mise en page cohérente. Le résultat : cinq slides propres, dans la charte de l'entreprise, prêtes à être exportées en PDF, PowerPoint ou Google Slides.
Pour ceux qui ont déjà passé des heures à formater du PowerPoint, Gamma est un game changer.
Utilité RSE : gagner un temps considérable sur la mise en forme, tout en garantissant une qualité visuelle professionnelle.
Bonus : Napkin pour les schémas visuels
Dernier outil de la panoplie : Napkin, un générateur de schémas visuels à partir de texte. On colle un paragraphe, et l'outil propose plusieurs visuels possibles : mindmaps, diagrammes de flux, illustrations conceptuelles.
On peut ensuite personnaliser les couleurs et les polices avant d'exporter vers sa présentation. Une alternative moderne et intelligente aux anciens WordArt.
Utilité RSE : enrichir ses présentations avec des visuels clairs et impactants, sans compétences en design.
Une méthode reproductible : de l'ignorance à l'expertise opérationnelle en 1 heure
La puissance de cette approche tient dans son caractère systématique :
- Perplexity pour explorer et identifier des sources crédibles
- NotebookLM pour comprendre en profondeur avec un corpus maîtrisé
- ChatGPT pour adapter au contexte et à la gouvernance de l'entreprise
- Gamma pour créer une présentation visuelle professionnelle
- Napkin pour enrichir avec des schémas percutants
Tous ces outils sont gratuits (ou proposent des versions gratuites suffisantes). Ce qui fait la différence, ce n'est pas la technologie en elle-même, mais la méthode : savoir quel outil utiliser, à quel moment, et pour quel objectif.
Si votre CODIR vous demande demain de parler d'un sujet que vous ne connaissez pas encore, vous avez maintenant une méthode éprouvée pour être prêt en une heure.
Vous souhaitez revivre l'intégralité de cet atelier ?
👉 Le replay est disponible ici
Ce qu’il faut retenir de Produrable 2025
L'avenir de la RSE : entre efficacité et responsabilité
Produrable 2025 a confirmé la maturité croissante du secteur. La RSE n'est plus un discours, c'est une discipline de preuve et d'action. L'intelligence artificielle représente une opportunité majeure pour gagner en efficacité, en rigueur et en impact — à condition de l'utiliser avec discernement, éthique et sobriété.
Les responsables RSE ont un rôle stratégique à jouer : ils sont les garants de la crédibilité, les architectes des garde-fous, les formateurs des équipes. Leur expertise métier ne peut pas être remplacée par des algorithmes. Au contraire, elle devient encore plus précieuse dans un monde où la technologie peut accélérer autant qu'elle peut tromper.
Chez Ditto, nous accompagnons plus de 500 entreprises pour transformer la conformité en levier de performance, de crédibilité et de confiance. Nos deux ateliers à Produrable ont montré qu'il est possible de concilier innovation technologique et exigence métier, efficacité et responsabilité, rapidité et rigueur.
Prêt à franchir le cap ? Découvrez nos solutions ou contactez-nous pour échanger sur vos défis RSE.
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Nous pouvons vous aider à transformer le CSRD en opportunité
Nous vous aiderons à comprendre les exigences de la CSRD et à les intégrer de manière fluide dans votre approche RSE.
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